Je me suis déjà penchée ici et là sur quelques basiques nécessaires pour créer des éléments graphiques. Aujourd’hui j’aimerais vous parler d’un sujet qu’on néglige bien trop souvent : la typographie. Forcément, quand on a passé deux ans dans une école avec un nom d’imprimeur (kacedédi Estienne), on se sent un peu concerné par la chose.
Si je vous dis “police d’écriture” cela vous parlera peut-être plus. La police d’écriture est un ensemble de signes cohérents qui forment une famille. La typographie est quelque chose de plus large qui désigne plutôt les techniques d’impressions, mais aussi la façon dont on se sert des caractères.
Car oui, il vaut mieux en général ne pas se contentent d’apposer du texte au hasard là où il y a de la place, en choisissant la police selon son humeur du moment.
La typographie est un domaine à part entière des arts appliqués : les caractères que nous utilisons tous les jours sont en effet le résultat de longues heures de design. Savoir les assembler, jouer avec leur taille, leur graisse, la mise en page … tout cela fait aussi partie du travail d’un graphiste qui se doit de ne pas négliger cet aspect essentiel d’une création graphique qui contient du texte.
La preuve que la typographie joue un rôle important : certaines entreprises choisissent un logo uniquement basé sur une police d’écriture particulière.
Malheureusement, parfois le choix n’est pas très heureux …
Afin d’y voir un peu plus clair, revenons sur les différents types de typographie qui existent, du plus ancien au plus récent.
L’utilisation de caractères datent bien évidemment d’avant l’imprimerie. Déjà à cette époque, la plupart des caractères possédaient des empattement tout simplement en raison des outils avec lesquels ils étaient tracés.
On les appelle aussi “caractères avec sérif“. Au sein de cette catégorie, il existe différentes familles de polices selon la forme et la largeur de l’empattement.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les polices à empattement sont les plus simples et les moins fatigantes à lire… sur papier ! C’est pour ça que tous nos chers bouquins sont imprimés avec des polices style Garamond, Bodoni, Baskerville …
Les linéales ou “sans sérif” (ou aussi “grotesques” mais bon, c’est moins sexy comme nom) sont apparues beaucoup plus tard au 19ème puis eu 20ème siècle. Elles se distinguent de leurs grandes sœurs par leur design en “bâtons”.
La plus célèbre est sans doute l’Helvetica, créée en en 1957 par Miedinger, un designer suisse qui avait pour but de créer une typographie atteignant le summum de l’harmonie graphique. En raison de sa grande neutralité, cette police de caractère est très utilisée. Vous seriez d’ailleurs étonnés de voir tous les logos qui utilisent l’Helvetica. Certains lui vouent même un culte et en font des documentaires (je vous le recommande si vous pouvez le voir en entier).
Et si les polices avec empattement sont plus facilement lisibles sur papier, il vaut mieux choisir une linéale pour les écrans.
Il y a bien d’autres types de polices : scripts, gotiques … et surtout, les fantaisies. Ces polices complètement folles qui peuvent donner une touche d’originalité à vos créations, ou bien les ruiner.
Typo western, enflammées etc. : il y en a pour tous les goûts, bons ou mauvais.
Alors, comment choisir la bonne typo ?
C’est une question qu’on se pose longuement lorsqu’on est confronté à ce choix. Certains préfèrent la neutralité d’une linéale, d’autres adorent jouer avec la diversité des typos fantaisies… Il est un peu difficile de déterminer qu’un type de police est plus adapté à un type de travail qu’un autre. Bien sûr, une linéale ne véhicule pas la même image qu’une police à empattement. Ainsi, si vous souhaitez exprimer la modernité, il ne vaudra peut-être mieux pas utiliser de la Baskerville.
Ce choix relève donc de vos préférences et du contexte dans lequel est réalisée votre création. Il n’y a pas de manuel pour vous aider à choisir une police plutôt qu’une autre, même si des règles essentielles d’ergonomie sont à respecter. Pour un corps de texte sur papier, on choisit de préférence une police à empattement, pour un corps de texte sur écran, on opte pour une linéale. Si la quantité de texte n’est pas trop importante, à vous de laisser parler votre créativité.
Comment réaliser une bonne mise en page ?
Il n’y a pas non plus de réponse pré-fabriquée à cette question. L’univers du graphisme serait bien triste si c’était le cas. Cependant, quelques règles de bases permettent de designer des créations agréables à l’œil et faciles à lire.
– Eviter de coller votre texte trop sur les bords. Tout d’abord car il risquerait d’être coupé lors d’une éventuelle impression, ensuite car cela a tendance à déséquilibrer une création graphique.
– Essayer d’aligner et justifier correctement votre texte. Lorsqu’on choisit une justification centrée, ce n’est pas très joli si le texte n’est pas centré par rapport au reste de la création. D’ailleurs, dans la mesure du possible il vaut mieux essayer d’aligner la base du texte sur d’autres éléments visuels afin de guider la lecture.
– Surtout : essayez d’utiliser le moins de polices différentes possibles. Vous pouvez avoir envie de faire ressortir un titre et donc utiliser en utiliser une deuxième, mais évitez le patchwork typographique. C’est quand même mieux lorsqu’il y a une certaine unité visuelle.
Et si vous en avez assez des polices installées de base sur votre PC, n’hésitez pas à aller faire un tour sur Dafont. Beaucoup des polices d’écriture sont libres de droit pour un usage non commercial et on y trouve de vrais petits bijoux. Il ne vous reste qu’à télécharger, dé-zipper le dossier, faire un clic droit puis installer.
Pour terminer cet article, voici quelques unes de mes typos favorites :
